Content area
Abstract
La présente thèse a pour objet essentiel une analyse juridique du régime fédératif canadien en regard de la protection et de l'épanouissement de l'identité culturelle québécoise: le régime fédératif canadien tel qu'il a été conçu à ses origines et tel qu'il a évolué répondait-il et répond-il adéquatement au désir de la nation québécoise d'assurer la survie et l'épanouissement de son identité culturelle distincte? Cette étude porte sur une analyse du droit constitutionnel positif afm d'en évaluer la fonctionnalité en regard de la sauvegarde et de l'épanouissement de la diversité culturelle en tant que valeur du patrimoine de l'humanité.
La nation constitue le lieu d'expression de la liberté d'un peuple dans son désir d'assurer la survie et l'épanouissement de son plein potentiel créateur, de la richesse de l'expression humaine qu'il constitue. À ce lieu d'expression doivent correspondre des instruments juridiques permettant à la communauté nationale de traduire au niveau politique son aspiration culturelle collective. Le fédéralisme constitue une réponse politique et juridique au désir d'autonomie politique auquel aspirent les nations. L'analyse des constitutions fédératives belge et américaine, en regard de leur correspondance respective avec la ou les identités culturelles présentes au sein de ces sociétés, indique que la nature plus ou moins centralisée des régimes fédératifs est grandement liée à l'existence d'identités culturelles nationales intraétatiques.
L'analyse de l'esprit et de la lettre du régime fédératif canadien originaire révèle que ce dernier respectait l'essence des préoccupations identitaires de la nation québécoise de l'époque: son autonomie politique acquérait un statut constitutionnel et s'étendait à toutes les matières qui, à cette époque, étaient considérées comme étant intimement liées à son identité culturelle particulière. L'évolution de ce régime fédératif originaire, d'abord réalisée par le Comité judiciaire du Conseil privé dans un souci d'équilibre entre les pouvoirs législatifs provinciaux et fédéraux, et ce en conformité avec le principe fédératif, s'est ensuite résolument engagée sur la voie de la centralisation des pouvoirs suite à la jurisprudence fédérative de la Cour suprême du Canada. En 1982, l'enchâssement d'une charte des droits et libertés de la personne dans la Constitution canadienne a, aux plans politique et juridique, écarté la prise en compte du type de diversité qui justifiait l'adoption d'un régime fédératif au Canada et dont la reconnaissance constituait la condition essentielle à la participation du Québec au pacte de 1867: la diversité profonde, le pluralisme national. Le régime fédératif canadien contemporain ne répond plus adéquatement à la réalité nationale québécoise.