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Abstract
Notre travail de recherche trace le bilan d'une expérience de participation vécue au sein d'une université québécoise en 1995. La question sous-jacente à cette recherche est: quelle est la part réelle du pouvoir professoral à l'université? Pour cela, nous avons choisi l'étude de cas de la réorganisation de 1995 à la Faculté des sciences de l'éducation d'une université québécoise.
Le cadre théorique retenu pour mener à bien notre étude a été le modèle socio-politique de Crozier et Friedberg (1977). Ce modèle théorique se présente à la fois comme une méthode d'investigation de l'action collective et un modèle théorique d'analyse des jeux de relations de pouvoir au sein des organisations. À travers les concepts d'acteurs, de jeu, de pouvoir, d'incertitude, il nous a été possible d'identifier, notamment, les ressources des différents acteurs impliqués dans le projet de restructuration de 1995.
Il appert, suite à l'analyse de ces ressources, que la Direction de la Faculté aurait exercé un réel leadership dans l'émergence, la promotion ainsi que la définition des orientations de la réorganisation de 1995. La Direction de la Faculté semble avoir également eu un certain monopole de la distribution des ressources (temps, information). Notre analyse aurait, de plus, révélé la convergence d'intérêt dans l'orientation du projet de réforme entre la Haute administration de l'Université et la Direction de la Faculté. Au nombre des modalités de leur pouvoir: le contrôle de l'information, le recours aux relations personnelles, l'utilisation de moyens financiers. En revanche, les membres du corps professoral n'auraient eu le choix que de se rallier au projet suite à l'existence de nombreuses contraintes concernant: l'absence de ressources informationnelles, le caractère apparemment inéluctable de la restructuration, l'existence d'un nombre limité de départements défini par la Direction de la Faculté, le manque de pouvoir décisionnel au sein du Conseil de la Faculté, le manque de concertation venant des directeurs de départements entre eux, l'inexistence d'alternatives à la fusion, l'existence de menaces relatives à la fermeture possible des départements en difficulté.
En somme, les membres du corps professoral auraient, pour l'essentiel, participé aux modalités de la fusion. Les ressources à leur disposition (participation à des assemblées, ressources humaines, ressources financières, développement de la recherche dans certains départements) ne leur auraient pas donné suffisamment de pouvoir pour infléchir la décision de restructuration. La doyenne semblait exercer un certain contrôle des échanges entre l'organisation et son environnement. Ce contrôle aurait influencé le choix des paramètres à retenir pour décrire le contexte de la restructuration. C'est ainsi que la rationalité économique et l'efficience administrative auraient été déterminantes dans le discours entourant la réorganisation de 1995, au point de prendre le pas sur toutes les autres considérations évoquées par les membres du corps professoral.